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Spitcomm2: Gerbe Finale

14 octobre 2006

Gerbe Finale



Roger le poète du "Café des Sports" a dit : "Ce n'est pas parce que l'homme a soif d'amour qu'il doit se jeter sur la première gourde...." ! Il est sympa Roger je l'aime bien, toujours ponctuel, il ne rate jamais un apero depuis 20 ans, d'ailleurs je pense que sa vie entière a été apéritive. Il a ce calme de l'être aviné, l'oeil évasif tourné vers la bouteille de Ricard. Tout le monde l'aime bien Roger, jamais non, toujours oui, ou.... un autre, avec éventuellement un pas de refus. Il en a chié le Roger, plus de taf, plus de femme, ces mômes ça fait déjà plus de 10 ans qu' il les a pas vu.... Pourtant sa vie n'a pas toujours été dans les bars de cette maudite ville du Nord.
A quinze ans il est embauché dans cette grosse boite de la ville , comme son père et son oncle, des avantages, une carrière et puis pour un type sans diplôme c'est inespéré, parce que l'école Roger c'est pas son truc.... dans ce bled oublié c est pas la priorité, on préfère fumer des clopes, et boire des bières avec les poteaux, embrasser les filles près de la salle des fêtes le samedi soir, quand, la disco mobile arrose l endroit de mauvais watts. Se battre a l'occasion avec les marlous d'à coté... pas de quoi être fier, mais faut s'imposer... et puis les marrons il les prend chez lui aussi, il est pas commode le vieux... à l'époque on ne parle encore de maltraitance mais d'éducation. Alors bosser chez Vallourec, c'est la reconnaissance, la stabilité, il rencontre sa femme a 19 ans, elle est belle, pas intelligente mais ça fait rien, il ramène du blé elle fait tourner la boutique.... ça ronfle doucement.... 2 mioches a 21 ans. Les années s'écoulent et le bassin de la Sambre sombre dans la crise, les mines ferment, les industries se carapatent en Europe de l 'Est... et Roger ne sait même pas ou c'est...
Un matin les syndicats font le poireau devant la grille de l'usine.... un matin de printemps.... merde.... ils parlent de grève, de salaud de patron.... de plan social... de restructuration, de requalification.... Roger n'y croit pas, il rentre abattu chez lui, en parle a sa femme qui ne trouve rien d autre a lui dire qu' un cinglant "qu'est ce que tu vas foutre ?"... il ne sait rien faire d'autre que souder des tubes d'acier.... sait a peine lire..... 3 mois de crise et le plan social est affiché sur la porte de la cantine.... le recommandé est arrivé dans la boite aux lettres... 10 000 francs d'indemnités et le chômage au bout.... remerciement de 15 ans de loyaux services..... ANPE, ASSEDIC, assistante sociale, sont les nouvelles amies de Roger.... Il s'en sort pas, sa femme a préféré son pote d'enfance avec une jolie caisse.... elle se barre avec les mômes.... et lui se barre l'esprit avec le Ricard.... 10 ans de chômage... Alors, il philosophe Roger, au bar... il ressasse.... divague... n'a plus vraiment de repères.... Mais on l'aime bien Roger..... Vraiment on l'aime bien....

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma vieille bourrique .... puisqu'il m'incombe de faire l'inauguration de ton blog en bonne et dûe forme et non pas en grande pompe ayant de ravissants petits pieds... puisque je dois, disais-je, inaugurer cet espace vierge de toute trace, je ne vais pas me lancer dans un long discours qui barbera tout le monde ; non, je vais faire dans la simplicité et les fautes d'ortographes qui me caractérisent pour te dire : Bravo Caro Mio ! Continue ! Donne nous notre suite quotidienne .... ou hebdo ... ou comme tu veux mais bon sang, envoies la sauce sacre bleu !!

Anonyme a dit…

Moi aussi j’ai connu Roger mais aussi ses acolytes. Je leurs servais leurs cafés calva du matin, 8h tapante. Au début, je les regardais avec un air complaisant de jeune fille de bonne famille à qui l’on a appris que les bars n’étaient pas un lieu pour elle, et puis avec le temps, je me suis rendu compte que j’avais bien plus à apprendre d’eux. A force de leur servir leur « petit déjeuner » je finissais par faire partie de leur clan, et chaque jour j’apprenais un petit peu plus de leur légende personnelle. Le bar était devenu leur lieu de ralliement, ils venaient miser une bonne partie de leur RMI dans les jeux à gratter, comme si l’Etat ne leur avait pas pris assez, ça me rendait folle, mais finalement, c’ était un moyen comme un autre de s’offrir un peu de rêve ; un moyen comme un autre de se rattacher à une société qui ne voulait plus d’eux…

Je suis heureuse de te voir réconcilier avec la plume, et je souhaite que cette entente perdure pour mon plus grand bonheur.